Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

— Maintenant, Dick, peux-tu savoir quelle est la position du Pilgrim ? demanda Mrs Weldon.

— Facilement, répondit le novice. Je n’ai qu’à consulter la carte du bord, sur laquelle le point a été porté hier par le capitaine Hull.

— Et pourras-tu mettre le navire en bonne direction ?

— Oui, je pourrai mettre le cap à l’est, à peu près sur le point du littoral américain que nous devons accoster.

— Mais, Dick, reprit Mrs Weldon, tu comprends bien, n’est-ce pas, que cette catastrophe peut et même doit modifier nos premiers projets ? Il n’est plus question de conduire le Pilgrim à Valparaiso. Le port le plus rapproché de la côte d’Amérique est maintenant son port de destination.

— Sans doute, mistress Weldon, répondit le novice. Aussi, ne craignez rien ! Cette côte américaine qui s’allonge profondément vers le sud, nous ne pouvons manquer de l’atteindre.

— Où est-elle située ? demanda Mrs Weldon.

— Là, dans cette direction, répondit Dick Sand en montrant du doigt l’est, qu’il releva au moyen de la boussole.

— Eh bien, Dick, que nous atteignions Valparaiso ou tout autre point du littoral, peu importe ! Ce qu’il faut, c’est atterrir.

– Et nous le ferons, mistress Weldon, et je vous débarquerai en lieu sûr, répondit le jeune novice d’une voix ferme. D’ailleurs, en ralliant la terre, je ne renonce pas à l’espoir de rencontrer quelques-uns de ces bâtiments qui font le cabotage sur la côte. Ah ! mistress Weldon, le vent commence à s’établir dans le nord-ouest ! Dieu fasse qu’il tienne ainsi, nous ferons de la route, et bonne route ! Nous filerons grand largue, et toutes nos voiles porteront, depuis la brigantine jusqu’au clin-foc ! »

Dick Sand avait parlé avec la confiance du marin, qui se sent un bon navire sous les pieds, un navire dont il est maître sous toutes les allures. Il allait prendre la barre et appeler ses compagnons pour orienter convenablement les voiles, lorsque Mrs Weldon lui rappela qu’il devait, avant tout, connaître la position du Pilgrim.

C’était, en effet, la première chose à faire. Dick Sand alla prendre, dans la chambre du capitaine, la carte où le point de la veille était indiqué. Il put donc montrer à Mrs Weldon que le brick-goélette était par 43° 35′ en latitude, et en longitude par 164° 13′, car, depuis vingt-quatre heures, il n’avait pour ainsi dire pas fait de route.

Mrs Weldon s’était penchée sur cette carte. Elle regardait la teinte brune qui