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un drame en livonie.

— Dans ces conditions, fit observer le juge, ce retard d’une nuit ne peut être préjudiciable à l’enquête…

— Non, sans doute, répliqua le major, mais il laisse à l’auteur du crime le temps de mettre bon nombre de verstes entre la Croix-Rompue et lui ! »

Le major parlait là en policier, très entendu dans l’exercice de ses fonctions. Toutefois, la soirée s’avançant, le jour s’éteignant dans les ombres du crépuscule, le plus sage était d’attendre au lendemain.

Le banquier et ses compagnons s’installèrent donc à l’auberge du relais, ils y dînèrent et passèrent la nuit plus ou moins confortablement dans les chambres mises à leur disposition.

Le lendemain, 15 avril, dès la pointe de l’aube, la berline se remit en route, et, vers sept heures, atteignait au kabak.

Les agents de Pernau, installés dans l’auberge, les reçurent sur le seuil.

Kroff allait et venait à travers la salle. Il n’y avait pas eu lieu d’employer la force pour le retenir. Quitter son auberge, pourquoi donc ?… Au contraire. Sa présence n’était-elle pas nécessaire pour fournir aux agents tout ce dont ils avaient besoin ?… Ne devait-il pas se tenir aux ordres des magistrats qui procéderaient à son interrogatoire ?… Quel témoignage eût été plus précieux que le sien au début de cette enquête ?…

Au surplus, les agents avaient scrupuleusement veillé à ce que les choses restassent en l’état, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans les chambres comme sur la grande route aux abords du cabaret. Défense avait été faite aux paysans des environs de s’approcher de la maison, et, en ce moment même, une cinquantaine de curieux stationnaient à la distance imposée.

Conformément à sa promesse, vers sept heures du matin, le conducteur Broks, accompagné du iemschick avec son attelage et d’un charron, était revenu au kabak, où il comptait retrouver