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descente de police.

Poch et le voyageur qu’il ramènerait dès que la malle serait réparée.

Que l’on juge de l’horreur que ressentit Broks, lorsque le cabaretier le conduisit devant le cadavre de Poch, ce pauvre Poch, si impatient de rentrer à Riga pour y célébrer son mariage ! Aussitôt, sautant sur un des chevaux de l’attelage, laissant le postillon et le charron à l’auberge, il était revenu à Pernau pour informer la police. Un télégramme fut adressé au major Verder à Riga, et des agents se transportèrent à la Croix-Rompue.

Quant à Broks, son intention était de retourner au kabak afin de se mettre à la disposition des magistrats qui, sans doute, réclameraient son témoignage.

Cependant le juge Kerstorf et le major Verder procédèrent immédiatement aux premières investigations. Les agents, placés les uns en avant de la maison sur la route, les autres en arrière, le long du potager, ou à droite sur la lisière du bois de sapins, furent chargés de tenir les curieux à distance.

Le juge, le major, le docteur et M. Johausen, introduits dans la salle commune, y trouvèrent le cabaretier Kroff, qui les conduisit à la chambre où gisait le cadavre du garçon de banque.

En présence de l’infortuné Poch, M. Johausen ne fut pas maître de sa douleur. C’était bien le vieux serviteur de sa maison, la tête exsangue, le corps raidi par la mort qui remontait à plus de vingt-quatre heures déjà, étendu sur le lit, dans la position où il avait reçu le coup pendant son sommeil. La veille, le jour venu, n’entendant aucun bruit dans sa chambre, Kroff, se conformant à ses recommandations, s’était bien gardé de le réveiller ; mais, à l’arrivée du conducteur, vers sept heures, tous deux avaient frappé à la porte, fermée en dedans. Pas de réponse. Très inquiets alors, ils l’avaient forcée et s’étaient trouvés en présence d’un cadavre encore chaud.