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LE DÉSERT DE GLACE

Le phénomène, quoique expliqué, n’en était pas moins étrange ; la couleur rouge est peu répandue par larges étendues dans la nature ; la réverbération des rayons du soleil sur ce tapis de pourpre produisait des effets bizarres ; elle donnait aux objets environnants, aux rochers, aux hommes, aux animaux, une teinte enflammée, comme s’ils eussent été éclairés par un brasier intérieur, et lorsque cette neige se fondait, il semblait que des ruisseaux de sang vinssent à couler jusque sous les pieds des voyageurs.

Le docteur, qui n’avait pu examiner cette substance, lorsqu’il l’aperçut sur les Crimson-cliffs de la mer de Baffin, en prit ici à son aise, et il en recueillit précieusement plusieurs bouteilles.

Ce sol rouge, ce « Champ de Sang », comme il l’appela, ne fut dépassé qu’après trois heures de marche, et le pays reprit son aspect habituel.


CHAPITRE XX. — EMPREINTES SUR LA NEIGE.

La journée du 4 juillet s’écoula au milieu d’un brouillard très-épais. La route au nord ne put être maintenue qu’avec la plus grande difficulté ; à chaque instant, il fallait la rectifier au compas. Aucun accident n’arriva heureusement pendant l’obscurité ; Bell seulement perdit ses snow-shoes, qui se brisèrent contre une saillie de roc.

« Ma foi, dit Johnson, je croyais qu’après avoir fréquenté la Mersey et la Ta-