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LES ANGLAIS AU POLE NORD

— Il m’a donné ces maux d’yeux, dit Brunton.

— Il a supprimé le gin et le brandy, répliqua Pen.

— Il est cause de tout ! s’écria l’assemblée en se montant l’imagination.

— Sans compter, répliqua Clifton, qu’il est le capitaine.

— Eh bien, capitaine de malheur, s’écria Pen, dont la fureur sans raison s’accroissait avec ses propres paroles, tu as voulu venir ici, et tu y resteras !

— Mais comment le prendre ? fit Plover.

— Eh ! l’occasion est bonne, répondit Clifton, le commandant n’est pas à bord ; le lieutenant dort dans sa cabine ; le brouillard est assez épais pour que Johnson ne puisse nous apercevoir…

— Mais le chien ? s’écria Pen.

— Captain dort en ce moment près de la soute au charbon, répondit Clifton, et si quelqu’un veut…

— Je m’en charge, répondit Pen avec fureur.

— Prends garde, Pen ; il a des dents à briser une barre de fer !

— S’il bouge, je l’éventre, » répliqua Pen en prenant son couteau d’une main.

Et il s’élança dans l’entre-pont, suivi de Waren, qui voulut l’aider dans son entreprise.

Bientôt ils revinrent tous les deux, portant l’animal dans leurs bras, le museau et les pattes fortement attachés ; ils l’avaient surpris pendant son sommeil, et le malheureux chien ne pouvait parvenir à leur échapper.

« Hurrah pour Pen ! s’écria Plover.

— Et maintenant, qu’en veux-tu faire ? demanda Clifton.

— Le noyer, et s’il en revient jamais… » répliqua Pen avec un affreux sourire de satisfaction.