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21 avril 1898


communications.

À propos de l’Atlantide

Par M. le Dr R. Verneau.


Dans le dernier fascicule des Bulletins de la Société d’Anthropologie qu’on vous a distribué, vous avez pu lire une intéressante communication de notre collègue, M. Gabriel de Mortillet[1]. À propos du travail de M. Ph. Salmon sur l’Atlantide et le Renne, M. de Mortillet vous a montré qu’il n’a jamais existé de soudure entre l’Amérique du Sud et l’Afrique australe. Il vous a cité quelques faits qui viennent à l’appui de cette manière de voir. En revanche l’auteur admet sans restriction une Atlantide boréale qui a permis aux animaux terrestres d’un continent de gagner l’autre monde dès le milieu de l’époque tertiaire.

M. de Mortillet se refuse à admettre l’existence d’un autre passage qui aurait réuni l’Europe à l’Amérique septentrionale par les Açores et à l’Amérique centrale par les Antilles. « C’est, dit-il, un rêve, une conception de pure imagination, comme on peut facilement l’établir par des observations certaines et des faits bien étudiés. »

Si j’avais entendu la communication de notre savant collègue, je n’aurais pu que me joindre à lui pour défendre les idées qu’il vous a si bien exposées. En effet, dès 1888, j’exprimais les mêmes opinions dans un assez long article publié dans la Revue scientifique[2]. J’ai même été quelque peu surpris de trouver dans la note de M. de Mortillet le passage suivant : « Une considération géologique qui, jusqu’à présent, n’a pas été produite, vient pleinement confirmer ma manière de voir. Les Canaries, Madère, les Açores sont des îles volcaniques. Au lieu d’être des témoins d’un vaste continent effondré, elles sont donc le simple produit de volcans qui les ont fait surgir au sein de l’Océan et les ont élevées au dessus de son niveau. » Or, cette considération nouvelle, vous la trouverez tout au long dans l’article que j’ai publié il y a dix ans,

  1. Voy. Bull. de la Soc. d’Anthropologie de Paris, t. VIII (4e série), 1897, fasc. 5, p. 417-451.
  2. L’Atlantide et les Atlantes, in Revue scientifique, 25e année, 3e série, 21 juillet 1888.