du mari envers celle qu’il a cessé d’aimer. Mais l’amour libre ne peut être de l’immoralité, puisqu’il est une loi naturelle ; le désir sexuel ne peut pas être une immoralité puisqu’il est un naturel besoin de notre vie physique.
Si le besoin sexuel est de l’immoralité, il n’y a plus en ce cas qu’à taxer d’immoralité la faim, le sommeil, en un mot tous les phénomènes physiologiques qui régissent le corps humain.
Si l’on considère nos mœurs actuelles, quelle source d’immoralité n’y découvre-t-on pas ? Mariage sans affection où l’homme achète une dot et la femme une situation ; adultères de l’épouse et du mari : viol de toutes sortes, ventes charnelles, mensonges de la chair et du cerveau, contrats divers livrant l’ignorante au vieux débauché, et la pauvresse à l’exploiteur qui spécule sur sa faim.
Que l’amour libre devienne la règle, il ne pourrait certes y avoir plus d’immoralité qu’il en existe. En admettant que la situation ne change point quant au fond, elle aurait au moins le mérite de la franchise quant à la forme.
Mais je suis convaincue, moi, que l’amour libre sera l’affranchissement moral des individus, parce qu’il libèrera les sexes des contraintes et servitudes physiques.
Pourquoi croire que l’individu libre serait immoral ? II n’y a pas d’immoralité chez les animaux libres. Ceux-ci ne connaissent aucun des désordre physiques qui sont l’apanage de l’homme, précisément parce qu’ils ne s’assujettissent à aucune autre loi que la loi naturelle. Ce qui crée l’immoralité, c’est le mensonge forcé de l’homme envers les autres et envers lui-même ; et l’amour libre, en libérant l’homme du mensonge, mettra fin précisément aux désordres, aux dérèglements, à la débauche.
Quand l’homme sera complètement libre, quand il sera régénéré par une éducation meilleure, il trouvera en lui-même l’équilibre naturel de ses facultés physiques et morales, et deviendra un être normal et sain.
D’ailleurs, nous avons en nous un sentiment d’instinct qui veille sur nous le sentiment de la conservation. Quand nous n’avons plus faim, nous ne mangeons plus, parce que nous savons quels inconvénients il en pourrait résulter ; quand la marche nous a lassés, nous avons le bon sens de