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Page:Vernet - L Amour libre.djvu/12

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à lui, ne doit accorder aucun privilège à cet homme sur cette femme ; pas plus que le fait de s’être donnée, ne doit être pour cette femme une raison d’autorité sur son compagnon. Libres avant de se connaître, s’étant aimés librement, l’homme et la femme doivent se retrouver libres après la liaison, quand le désir ne les attire plus l’un vers l’autre, et que l’amour a cessé de les réunir.

Résumant donc toute cette étude, je conclus ainsi :

— L’amour doit être intégralement libre ; aucune loi, aucune morale ne doit le régir ni l’assujettir en un sens quelconque ;

— Nulle différence ne doit être faite entre les sexes en ce qui concerne l’amour.

— Enfin, les rapports sexuels ne doivent créer entre les individus ni obligations, ni devoirs, ni droits.


III

Je n’ignore point qu’à première lecture, ma théorie sur l’amour va paraître à beaucoup de personnes tout à fait immorale. Certaines d’entre elles y verront la consécration de la débauche, la légitimité du libertinage, l’excuse de tous les dérèglements.

Mais si l’on veut bien raisonner quelque peu, et approfondir la question, on sera d’accord avec moi pour déclarer que l’amour libre, loin d’être une source d’immoralité, deviendra le régulateur naturel de la moralité.

Tout d’abord, qu’est-ce que l’immoralité ? Pour la définir il convient de se débarrasser encore une fois de l’atavisme, qui nous fait considérer comme loi naturelle tout ce qui n’est que conventions sociales.

Pour moi, l’immoralité, c’est tout ce qui est contraire à la nature ; c’est tout ce qui contraint l’individu à des règles purement conventionnelles ; c’est tout ce qui entrave l’épanouissement de l’être humain ; au nom de considérations sans valeur pour qui veut bien les approfondir.

L’immoralité, c’est la prostitution — légale ou non — c’est le célibat forcé de la femme ; c’est la vente du corps féminin ; c’est la soumission de l’épouse ; c’est le mensonge