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Page:Vernet - L Amour libre.djvu/5

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même similitude physiologique entre elle et l’animal, que celle qu’on veut bien admettre exister entre l’animal et l’homme. Pourquoi refuser à la femme une vie sexuelle propre ? Pourquoi faire de l’amour un besoin exclusif de l’homme ?

Jusqu’à ce jour, s’érigeant en maître sur cette question comme sur les autres, l’homme a répondu : « Parce que la femme n’a pas de besoins ; parce qu’elle ne désire pas, parce qu’elle ne souffre pas de la privation de satisfactions charnelles. »

Mais qu’en sait-il, lui, l’homme, si la femme n’a pas de besoins ? Qui donc mieux que la femme elle-même peut en être juge et en décider ?

Pour moi j’ai encore présente à l’esprit cette phrase d’un médecin : « Le célibat de la femme est aussi monstrueux que le célibat du prêtre. Condamner les femmes à la continence est une iniquité, car c’est empêcher le développement intégral de l’être féminin. »

Ainsi donc, de l’aveu de ce médecin, la virginité trop prolongée de la femme provoque un arrêt dans son évolution intellectuelle et physique.

Puis, s’il existe réellement des femmes n’ayant pas de besoins, des femmes froides, sans désirs des sens, qu’est ce que cela prouve ? Il est aussi des hommes réfractaires à la sensualité. Mais ce n’est point là la majorité ; et qu’il me soit permis de le déclarer, ce n’est point non plus la majorité des femmes, celles qui sont réfractaires à l’amour.

D’ailleurs, actuellement, avec le genre d’éducation qu’elle reçoit, la femme elle-même est mauvais juge de ses sensations et de ses désirs. Elle n’analyse pas sa vie intérieure, elle souffre souvent sans savoir pourquoi.

La vierge exubérante de santé, dont le sang ardent brûle les tempes et rougit les lèvres, ne saura peut-être point que c’est la virginité qui la rend nerveuse, rêveuse, inquiète. Elle ne saura peut-être pas que c’est le besoin d’amour qui la fait pleurer ou rire sans motif ; mais parce qu’elle ne sait pas le définir, il n’en est pas moins vrai que c’est cette naturelle loi d’amour qui la travaille.

Brutalement, ce qu’elle ignore, le mariage le lui apprendra ; le mariage, vers lequel elle sera allée en aveugle, parce