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Page:Vernet - L Amour libre.djvu/4

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Pour qu’il conserve sa beauté et sa dignité, l’amour doit être libre ; et il ne peut être libre que s’il est régi par sa seule loi. Il ne peut y avoir, sur ce chapitre, de considérations d’ordre matériel ou moral : deux êtres s’aiment, se désirent, se le disent ; ils doivent avoir le droit de se donner l’un à l’autre sans que nulle raison étrangère à leur désir n’intervienne entre eux ; comme ils doivent avoir le droit absolu de se quitter le jour où ils ne se désirent plus.

Et je ne dis pas : « le jour où ils ne s’aiment plus » ; mais bien le jour où ils ont cessé de se désirer. Car ce sont là deux choses bien distinctes. On peut cesser de désirer une femme et l’aimer encore ; on peut ne plus vouloir de l’amant et rester fidèle à l’ami. Ceci est un cas de psychologie trop bien connu pour que j’y insiste ; mais le côté sur lequel je tiens à insister, c’est le côté de la question qui concerne la femme.

Pour la femme il est généralement admis que sa vie sexuelle est nulle ou subordonnée à celle du compagnon — légal ou non — qu’elle a choisi. Elle doit vivre et sentir par lui ; être passionnée s’il l’est, rester neutre s’il est froid. Jusqu’à ce jour, l’homme a considéré le désir sensuel comme devant le régir essentiellement, se refusant à reconnaître chez la femme un être moralement et physiquement organisé comme lui-même.

C’est cette question que j’aborderai d’abord, dans cette étude sur l’Amour libre.

J’ai dit, précédemment, que pour bien étudier les grandes lois naturelles, il était utile de remonter aux sources primitives, d’étudier la nature dans la vie animale.

Eh bien, chez les animaux, la femelle a une vie sexuelle qui lui est propre ; elle a des besoins sexuels, des désirs sexuels, qu’elle satisfait, avec la même liberté, la même régularité que le mâle.

Or, nul ne contestera que les lois physiologiques qui régissent l’animal sont les mêmes pour l’homme. Pourquoi donc, en ce cas, ne pas vouloir admettre pour la femme la