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Page:Vernet - L Amour libre.djvu/9

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— L’amour, c’est la communion intégrale des deux.

— Le désir, c’est le caprice de deux sensualités.

Je laisse le mariage, dont je suis l’adversaire, pour en revenir à la question de l’amour libre.

J’ai dit que l’amour doit être absolument libre, aussi bien pour la femme que pour l’homme ; et j’ajoute encore : l’amour ne peut véritablement exister qu’à la condition d’être libre. Sans la liberté absolue, l’amour devient de la prostitution, de quelque nom qu’on le revêt.

Le fait de vendre son corps un prix plus ou moins élevé, à une nombreuse clientèle, ne constitue pas seulement la prostitution. La prostitution n’est pas seulement l’apanage de la femme, l’homme aussi se prostitue. Il se prostitue quand, dans le but d’un intérêt quelconque, il donne des caresses sans en éprouver le désir.

Non seulement le mariage légal est une prostitution lorsqu’il est une spéculation de l’un des deux époux sur l’autre, mais il est toujours une prostitution, puisque la vierge ignore ce qu’elle fait en se mariant.

Quant au devoir conjugal, ce n’est ni plus ni moins encore que la prostitution.

Prostitution, la soumission au mari ; prostitution, la résignation et la passivité.

Prostitution encore, que l’union libre, quand elle passe de l’amour à l’habitude.

Prostitution, enfin, tout ce qui rapproche les sexes en dehors du désir et de l’amour.

Une des raisons pour lesquelles l’amour doit être absolument libre, c’est précisément cette similitude de l’amour et du désir dont je parlais tout à l’heure, en demandant qu’on ne fasse pas de confusion entre les deux termes.

Rationnellement, deux êtres peuvent-ils contracter un engagement quelconque alors qu’il leur est impossible de savoir s’ils pourront le tenir ? A-t-on le droit de lier deux éléments quand on ignore quelle affinité existe entre eux ? Dans le mariage légal il y a toujours une dupe : la femme,