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Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/34

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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Le facteur passe si tard par ici, lui dit Léon, que je te propose d’aller à la gare chercher les journaux.

— Oui, allons.

La propriété du vieux Bournef était tout à fait en dehors de l’agglomération de la petite ville de Triel.

Rapidement, les deux frères prévinrent leur père et partirent.

— Qu’allons-nous apprendre ? murmura Maurice.

— Je prévois que nous n’apprendrons pas encore la mobilisation. J’ai bien réfléchi cette nuit. Je crois que la peur d’une émeute va donner de la prudence à nos hommes politiques.

— C’est précisément ce que je disais à Jeanne, cette nuit, moi aussi.

— Cette trève permettrait peut-être d’opérer une forte pression sur le gouvernement pour que cette mobilisation ne se fasse pas. Mobiliser, c’est accepter la guerre.

— Sans doute. Mais qui peut faire cette pression, à ton avis ? Les socialistes ?

— Oui.

— Les socialistes sont en pleine déroute, mon pauvre ami. L’assassinat de Jaurès les plonge dans le désarroi le plus complet. Va, ceux qui ont machiné le coup savaient bien ce qu’ils faisaient.

— Hélas !

— Aujourd’hui il n’y a plus de tête au Parti.

— Marcel Sembat ?

— Non. C’est un lettré, un fin causeur, un artiste ; mais ce n’est pas un chef.

Léon resta pensif un moment, puis reprit :

— Il faut compter aussi sur les forces ouvrières, nous les oublions trop.

— La C. G. T. ?

— Oui, la C. G. T., les syndicats. Ils ont déjà pris nettement position cette semaine contre la guerre. Et les