manifestations de ces soirs derniers sont une indication.
— C’est vrai. Peut-être as-tu raison ; peut-être y a-t-il un espoir à garder de ce côté.
Léon reprit :
— Dès notre arrivée à Paris j’irai voir Jouhaux et Yvetot.
— Moi, dit Maurice, je vais préparer un article en rentrant à la maison. J’irai le porter à l’Humanité en arrivant à Paris.
Déjà Léon voyait une issue.
— Maurice, les masses ouvrières sont une force, tu sais, et certainement les chefs du syndicalisme vont élever la voix.
Mais Maurice ne partageait pas l’optimisme de son frère.
— N’affirmons rien, dit-il. Puis, vois-tu, il est peut être bien tard pour agir. Nous étions trop confiants. Nous disions : la guerre n’est plus possible. Nous oublions trop tous ceux qui y ont intérêt.
— Le Comité des Forges ?
— Oui, et tant d’autres à ses trousses. Nous savons bien quels intérêts sont attachés à une guerre, et quelles cupidités son éventualité va réveiller.
— Maurice.
— Eh bien ?
— Et les intellectuels, à ton avis, que vont-ils faire ?
— Les intellectuels, tu les connais. Même ceux qui sont d’esprit socialiste ne feront pas grand chose. Les intellectuels ne sont pas, pour la plupart, des gens d’action.
— Et puis, c’est la dispersion. Déjà, Paris est vide.
— Oui, les vacances sont commencées pour un grand nombre. Ah ! tout cela semble mené de main de maître.