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Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/37

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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Ils l’ont décidée quand même, dit-il à voix basse.

C’était en effet l’annonce de la mobilisation. Cependant, on la donnait seulement comme assurée et prochaine, sans date.

Léon plia les journaux.

— Partons, dit-il.

Sans parler, ils revinrent en hâte. Comme ils approchaient de la maison de leur père, ils furent rejoints par l’ancien instituteur. À son air sombre ils devinèrent qu’il savait quelque chose.

— Je viens de la mairie, dit Lucien Bournef.

Puis répondant à l’interrogation muette de ses fils :

— La mobilisation est décidée ! Elle sera annoncée à onze heures, à l’Angélus.

C’était la confirmation de l’annonce du journal. Il n’y avait plus à douter.

Machinalement, Léon dit cependant :

— Tu en es sûr ?

— Oui, je quitte à l’instant le maire et l’adjoint. Ils viennent de recevoir des ordres.

Les trois hommes gardèrent le silence.

— Allons, il est trop tard, s’écria enfin Maurice, tout ce qu’on pouvait tenter encore est à présent inutile. La mobilisation va mettre le feu aux poudres.

— Je le crains, répondit le vieil instituteur. Je viens de lire l’affiche qui va être apposée devant la mairie. Le plus grand calme est recommandé aux populations. La déclaration officielle se termine même par ces mots : « la mobilisation n’est pas la guerre ». Mais on n’empêchera pas les esprits de s’échauffer.

— Pourtant, dit Maurice avec vivacité, la remarque est exacte. La mobilisation n’est pas la guerre. Il s’agit donc de ne pas perdre son sang froid, de conserver une claire vision des choses. En somme, il n’y a pas de déclaration de guerre.

L’ancien instituteur secoua la tête.