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que chose contre les arrêts. Avant de rien dire sur le procès, il réclamait, pour les examiner, le discours du gouverneur et l’appel de Lamothe.

Les conseillers paraissent avoir consenti facilement à cette demande, sans trop penser qu’ils allaient blesser profondément l’irrascible comte de Frontenac. Celui-ci quittant aussitôt la salle, se contenta de lancer cette menace aux audacieux qui voudraient lui résister :

— Messieurs, si la compagnie n’a pas d’égards à ce que je viens de représenter, je verrai ce que j’aurai à faire.

Et il sortit.

D’habitude, M. de Frontenac ne menaçait pas en vain : les conseillers le savaient : ils comprirent qu’ils venaient de commettre une imprudence et qu’ils avaient besoin de réfléchir pour trouver le moyen de la réparer en satisfaisant le gouverneur sans trop compromettre leurs droits et leur dignité.

Après s’être ajournés une première fois au vendredi suivant, 14 mars, ils prirent encore huit jours pour mûrir leur réflexion ; enfin ils se réunirent le 21 mars.

MM. de Frontenac et de Champigny ne manquèrent pas d’être à leurs places, puisqu’il s’agissait autant de maintenir leur influence personnelle que de défendre les droits de la justice.

Toutes les pièces du procès et les arrêtés du conseil ayant été examinés de nouveau, le procureur-général donna ses conclusions et il le fit avec beaucoup de fermeté. Il s’éleva contre la position prise par le gouverneur dans ce procès, et la protection qu’il voulait accorder à Lamothe.