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Les conseillers avaient besoin, dit-il, d’être complètement libres pour prononcer leur arrêt définitif, et pour cela, ils devaient prier le gouverneur et l’intendant de se retirer, pendant qu’ils opineraient.

— Pour moi, dit aussitôt M. de Champigny, je suis tout prêt à me retirer, si M. le gouverneur veut faire de même.

— Je le veux bien, répond M. de Frontenac, encore que je n’estime pas que la présence de M. l’intendant, ni la mienne, puissent en aucune façon gêner la compagnie dans ses suffrages. Je dois d’autant moins vous gêner, messieurs, que jusqu’à présent, vous le reconnaissez parfaitement, je n’ai jamais essayé de contraindre vos opinions. Néanmoins je veux vous ôter jusqu’au dernier prétexte de pouvoir le faire croire : je vais me retirer dans ma chambre pour me chauffer — je prie M. le greffier d’y faire allumer le feu — et j’attendrai, messieurs, que vous ayez pris vos délibérations ; mais, remarquez-le bien, elles doivent rouler sur la question de la surséance au conseil du roi, et non sur le référé de M. l’intendant. Qu’on m’avertisse quand la compagnie aura délibéré, afin que je vienne reprendre ma place, si je le juge à propos.

Le gouverneur et l’intendant se retirent en observant le cérémonial accoutumé[1].

Les conseillers eurent bien garde, cette fois, de se montrer trop récalcitrants. Dans leur arrêt, qu’on va lire, ils donnèrent une nouvelle preuve de la manière dont on savait

  1. C’est à dire qu’au moment où ils se levèrent pour sortir, tous les conseillers se levèrent aussi, les saluèrent profondément et les firent reconduire par deux d’entre eux. Après la délibération, MM. de Peiras et Aubert de la Chenaye furent députés pour aller chercher et accompagner les deux hauts fonctionnaires à leur retour.