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Après des menaces aussi clairement exprimées — et qui se répétaient assez souvent — on ne peut guère s’étonner de la timidité des conseillers. La fermeté de M. d’Auteuil était presque de l’intrépidité. Quant à M. de Champigny, la prudence dont il avait toujours fait preuve, autant que l’indépendance de sa position, le mettait à l’abri de la colère et des rancunes de M. de Frontenac.

M. d’Auteuil ne craignit pas de répondre :

— Je crois que mes conclusions et le réquisitoire que j’ai présentés me justifieront suffisamment. On y verra la preuve de l’application que j’ai apportée à examiner si la procédure a été régulière et si elle a été faite conformément aux ordonnances. J’espère qu’on n’y trouvera rien de contraire aux obligations de la charge que Sa Majesté a bien voulu me confier. Voilà pourquoi je crois n’y avoir rien à modifier.

— Pour moi, reprit M. de Champigny, conformément à l’arrêt qui vient d’être rendu, je reprends le procès entre le sieur de Lamothe et le dit Moreau pour le juger comme intendant, vu que j’en ai le pouvoir par la commission que j’ai reçue du roi. Je rendrai compte à Sa Majesté de la bonne conduite du conseil en cette affaire, lequel, d’ailleurs, n’a fait que se conformer aux ordonnances de Sa Majesté.

— Puisqu’il en est ainsi — reprit le gouverneur, évidemment surpris et piqué, — puisque M. l’intendant veut bien reprendre le procès pour le juger, ce sera à lui de se justifier auprès du roi, et de faire voir qu’il n’a pas outrepassé ses pouvoirs.