Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/23

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Voici deux mesures, l'une de Berlioz et lautre de Boïeldieu, où il ne reste plus aucune trace de la division théorique en temps:

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Damnalion de Faust (1). La Dame Blanche (i).

En pareil cas, à cela près que les intervalles ne sont pas vides, le rythme temporel correspond exactement au rythme spatial des ex. a ou l, m.

Par lui seul, même sans le concours des complexités et des variations de la mélodie et du timbre, le rythme intensif agit puissamment sur la sensibilité ; les instruments à percussion, tels que tambour, tam-tam et castagnettes, en donnent la preuve tous les jours et dans tous les pays.

§ 12. Ce que je viens de dire du rythme musical, s'applique aussi au rvthme du vers et même au rythme imparfait de la prose. En tant que rvlhme intensif, il peut être simple ou composé ; mais par la forme de ses unités, il est toujours composé, complexe et varié. 11 doit d'aboi-d sa com- plexité et sa variété aux divers groupements de phonèmes divers que repré- sentent les svllabcs. 11 la doit aussi aux nuances de 1 accentuation (dyna- mique) et à la marche mélodique de l'intonation. L'habitude, « cette seconde nature », nous empêche de remarquer le rythme du langage, de quelque idiome qu il s'agisse, et l'intonation particulière de notre langue; par là même, d'ailleurs, qu'ils échappent ainsi à la conscience, ce rythme et cette intonation n'en exercent qu'une plus grande influence sur l'auditeur. Mais nous « chantons » tous en parlant, plus ou moins, bien entendu, beaucoup par exemple dans le français parisien et suivant une mélodie très caracté- ristique (3). Notre diction poétique, dont le rvthme est plus faiblement accentué et plus varié mais au moins aussi régulier que celui de la poésie allemande ou anglaise, emploie dans l'intonation des intervalles plus con- sidérables, mieux marqués et plus mélodiques. Voici comment Pierson transcrit les premiers vers d.Vthalie (^) :

s'agisse do la division des mesures en parties semblables ou du groupement des mesures en phrases de même carrure.

(i) J'emprunte cet exemple à M. Combarieu, Les Rapports de la Musique cl de la Poésie, Paris, 1898, p. 3o.

(2) Ib.. p. 34.

(3) « Det kan ikke nœgtes, at i denne er det musikalske élément stajrkt fremlraedende, og det netop paa grund af den oratoriske accents overvaegt. Dette forhindrer ikke, at tonefaldet i visse provinsudtalcr kan vaere endnu mère syngende og navnlig slaebende. Det franske sprogs moerkviErdige harmoni og modération kulminerer i Pariserudtalen og undgaar aile saadanne udartninger.» Joh. Storm, DelfOrstenordiskeFilolorjmode, Copenhague, 1879, p. 171. M. Storm, dont la langue est très chantante, est bon juge en pareille matière.

(4) Métrique naturelle du langage, Paris, 188A, p. 226-7. ^' faudrait évidemment remplacer la mesure à 2/'t par la mesure à i/^, avec temps marqué principal à la (in du vers et de l'iiémis- tiche.