Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/33

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L\ AIESl RF, VISUELLE DE l'eSP.VCE 2,*^

ment de la tète ou simplement des yeux. Je me sers ainsi de mes yeux comme d'un compas, dont je transporterais les pointes de A, B sur B, C après en avoir réglé 1 angle d'ouverture sur la distance AB. Dans le rvthme temporel, au contraire, je ne puis procéder qu'à l'aide du souvenir. La finesse du sens cinétique, en ce qui concerne l'œil aussi bien que tout autre organe, varie beaucoup suivant les individus et peut se développei-, se perfectionner par l'exercice. 11 en est de même de la précision du sou- venir des sensations cinétiques. Certains, par une longue pratique, acquiè- rent à cet égard un coup d'oeil presque inlaillible ; ils réussissent même, par un ajustement réciproque des deux sensations indiquées plus haut, ;i comparer exactement deux longueurs à des distances difl'érentes. Ils ontle compas dans Id'il. Cette image est très juste : leur vue esl bien un compas -olidement emboîté et qui a conscience de Técartement de ses branches. s5 i8. — 2" Au lieu de considérer d'un regard l'intervalle AB, surtout s'il est assez considérable, nos yeux pourront se fixer d'abonl sur A pour aller (le 1;» il B (i). Par le sens cinétique, nous avons la sensation du mouvement accompli et de sa direction. Ce ne serait pas sullisant, é\ idemment, pour comparer ensuite BC ;i AB. Mais grâce au sens de led'ort, ou sens dv/iami- fjiie, nous percevons et calculons inconsciemment la quantité d'énergie dé- pensée, soit dans un mouvement, soit dans tout autre processus de l'orga- nisme, par exemple dans le travail neural ou cellulaire auquel correspondent les sensations (2). Nous n'en percevons et calculons pas seulement la quan- tité, la somme, mais aussi l'intensité, la vitesse avec laquelle elle se dé- pense. Si nous conservons le souvenir de la sensation dvnamique qu a comportée la translation du regard de A à B, nous pourrons lui comparer celle qu'entraîne la translation identique du regard de B à C. Nous sau- rons par là si nous avons bien BC=:AB, ou BC^AB, ou BC<^AB. II n'est pas nécessaire que la vitesse du mouvement reste la même, puisque la durée de la dépense d'énergie est ici inversement proportionnelle à sa rapidité, et qu'ainsi la quantité d'énergie dépensée reste la même quelle que soit la vitesse (3). Mais un changement de vitesse peut troubler le sou- venir de la première sensation ou rendre autrement la comparaison diffi- cile : l'accélération du mouvement donnera par exemple, malgré l'alfirma- tion du sens dynamique, l'impression d'un intervalle moindre, d'autant que l'on ramène souvent en pareil cas la mesure de l'espace à celle dutemps(4). Quoi qu'il en soit, l'exactitude de la mesure dépend de la finesse native du sens cinétique et du sens dvnamique, aussi bien que de leur éducation par

(i) Pour simplifier, je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit plus haut sur l.i ilistance des veux à AB et à BC

(2) Je m'éloigne ici, et pour le nom (dvnamique) et pour l'extension du sens, des définitions fpie donne M. IlofTding, /. c, p. i5o. Au point de vue phvsiolotritjue, le sens dynamique et le sens cinétiq\ie se confondent en partie.

(3) Cette quantité est égale au produit de la durée par l'inlfusilc' et la vitesse ('/X'Xi')-

V I d i v ,. .....

-Nous avons donc — = —^ ou niv = d i v .

d iv (^) J'y reviendrai plus loin.