Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/32

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poiulcraut »(i). Aussi est-ce presque exclusivement ii l'uidc de la vue que nous percevons le lythme spatial.

5; 17. Prenons comme exemple une série de points équidislanls :

A lî C I) !•: 1-^

Nous pouvons comparer de deux manières les intervalles AB, BC. CD, DE, EF, etc. Dans les deux cas. les phénomènes sont au moins en très grande partie inconscients.

i" Je puis d abord regarder simultanément les points A et B d une cer- taine distance, ou, comme on dit, sous un certain angle. Par le sens cinéti- <///e(2), j'ai la sensation de l'état où je mets à cette fin les muscles de mes yeux (3). Cette sensation multiple se décompose en deux sensations déjà fort complexes : la première se rapporte à l'état des muscles exigé pour reo-arder de la distance adoptée ; la seconde, à celui qu'il faut leur donner pour considérer de cette distance l'intervalle AB. La première me permet de conserver cette dislance en passant de AB à BC. En comparant le sou- venir de la seconde à la sensation de même ordre que j'éprouverai en dis- posant les muscles de mes yeux pour considérer l'intervalle BC, je pourrai constater si j'ai BC = AB, BC > AB ou BC < AB. Je le ferai d'autant plus facilement que le souvenir de la première sensation cinétique se présente à mon intelligence sous la forme d'une image identique à l'aspect des deux premiers points sur le papier; il n'en est pas ainsi quand il s'agit de deux temps marqués consécutifs, que nous ne pouvons nous représenter simul- tanément par le souvenir. En réalité, surtout quand je m'attends à ce qu'il y ait égalité de distance entre les points consécutifs, l'opération se simplifie beaucoup : je met mes muscles dans l'état requis pour regarder AB d'une certaine distance, et sans modifier cet état je passe à BC par un mouve-

je viens de signaler, de suivre ce savant pliysiologiste dans les conclusions que formule son remarquable ouvrage sur das Ohrlabyr'mth als Organ der malhemalischen Siime fiir Rauin imd Zeit (Berlin, 1908). Il se peut que les canaux semi-circulaires servent surtout à nous renseigner sur la direction suivant laquelle nous arrivent les sons, c'est-à-dire sur la situation que leur source occupe dans l'espace par rapport à nous.

(1) Hoffding, PsYchoIofjic, trad. par Léon Poitevin, Paris, 1900, p. 2^0.

(2) J'appelle sens cintUiquc la faculté que nous avons d'éprouver des sensations cinétiques, c'est-à-dire des sensations surtout inncrvatrices et musculaires, mais aussi articulaires et tactiles, par lesquelles nous percevons l'état d'un ou de plusieurs muscles à un moment donné. Plusieurs physiologistes nient qu'il y ait des sensations musculaires : Irgend welche Bcwegungs-oder Kon- traktionscmpfindungen, die man gewuhnlich als Muskelgefûhle hczeichnet, erhalten wir kci- nesfalls (de Cvon, Das Ohrlabyrinth, p. 3/|3). Ils reconnaissent pourtant certaines sensations musculaires: Zeitweise erhalten wir von den Muskcln Gefûhlc der Ermùdung, der Steifigkeit oder der Spannung (76., p. 3^2). — Wir empfinden... die Dchnungen der Schncn und Muskeln (76., p. 407). Comment se peut-il, s'il en est ainsi, que nous n'ayons pas une sensation au moins subconsciente des contractions musculaires ? Comment pourrions-nous d'ailleurs les régler sans les percevoir ? La constatation de leurs effets ne saurait être sutFisante.

(3) Cet état des muscles est décrit par M. Hoffding, l. c, p. 355.