CHAPITRE III
IMPERFECTION DE LA MESURE VISUELLE DE L'ESPACE
§ 19. Et pourtant les mieux exercés, ceux qui ont vraiment le compas- dans l'œil, se trompent souvent eux-mêmes dans des proportions plus ou moins appréciables. Quant aux autres, ils accumulent erreur sur erreur. Combien connaissez-vous de personnes capables d'évaluer la hauteur d'un mur de 2™, 76 à un décimètre près ? Tracez une suite de points aux dis- tances respectives de i"'"',o3, o^^jQÔ, o""°,90, o""",92, o""",93, o'"™,88 et c)'""',87, et faites-les passer rapidement sous les yeux du plus expert : il les trouvera équidistants (i).
§ 20. Les erreurs seront bien plus grandes et bien plus nombreuses si, au lieu de comparer entre eux des intervalles donnés, on essaye de repro- duire plusieurs lois de suite un intervalle déterminé, par exemple de tracei' à main levée une suite de traits ou de points équidistants. Pour le iaire, on procédera plutôt d'après la seconde manière indiquée au cha- pitre précédent (i^ 18), c'est-à-dire en se réglant sur les sensations ciné- tiques et les sensations dvnamiques. Et même, à celles que donnera le mou- vement des yeux s'ajouteront encore celles que donnera le mouvement de la main et qui peuvent devenir les plus importantes. On ne manquera donc pas de guides. Cependant, même si l'on a le compas dans l'œil, on com- mettra bien des irrégularités.
i; 2 1 . Un architecte de mes amis, M. I., a bien voulu tenter l'expé- iience(2). Voici les intervalles que présente une première série de traits verticaux (3) :
(i) Je n'ai pas choisi ces nombres au hasard : ils m'ont élé fournis par Ii-s expériences de la Troisième Partie sur le rythme du cliant (exp. 30).
(2) Le 25 janvier 1907.
(3) Les traits étaient de longueur fort inégale. Pour les égaliser, j'ai mené deux perpendicu- laires au premier. Il en est de même des figures suivantes. — Dans la reproduction de ces traits ou points au crayon par la simili-gravure, il y a eu quelcpies détails d'altérés.
