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44 LA PERCEPTION DU RÏTHME

mesure subjective du temps pour les expliquer. Ils ne peuvent donc servir à prouver que nous avons un sens inné de la durée, (jui nous permette de lia mesurer directement.

E. — LES RYTHMES FONCTIONNELS ET LE RVIIIME AKTISTIQLE.

§ 4o. Mais peut-être nous servent-ils eux-mêmes à mesurer le rythme de la musique, de la poésie et de la danse, le rythme artistique ? Ils ont sans <loute contribué plus que tout le reste à nous donner le sens et la notion du rythme intensif. C'est tout ce qu'on peut dire.

§ 4i- Le rythme du cœur s'adapte ou tout au moins saccommode au rythme d'un simple métronome (i). A plus forte raison doit-il s'adapter ou tout au moins s'accommoder à celui de la musique, de la poésie et de la danse, non seulement quand on est auditeur ou spectateur, mais encore et surtout quand on est soi-même exécutant. Il semble donc que le battement du cœur et plutôt peut-être la pulsation des artères cérébrales, on peut même dire sans doute la pulsation du système circulatoire tout entier, suf- fise parfaitement h contrôler le rvthme dans le premier cas et ii le régler dans le second. Dans celui-ci, qui est le point de départ, le rythme adopté n'est-il pas fixé par le rythme qu'impose au cœur lémotion particulière au passage chanté, récité ou joué? Si nous mesurons les unités de tout rythme intensif à l'aide de nos pulsations et que celles-ci en suivent d'autre part les variations, il est facile de comprendre qu'à travers les variations fau- tives ou artistiques de ce rythme nous percevions toujours un rythme régulier, le rythme idéal et absolu. Mais il se présente ici bien des objec- tions : avec un peu d'exercice, nous constatons sans peine qu'à tel moment un chanteur ne va pas en mesure — cela pourrait tenir, il est vrai, à ce qu'il ne nous impose pas son rvthme ou du moins les variations de son rvthme (2). D'autre part, nous pouvons suivre nous-mêmes un certain rvthme et contrôler en même temps l'exactitude d'un autre, par exemple •dans l'harmonie rvthmique, quand deux exécutants, dont l'un emploie le genre ternaire et l'autre le binaire, ne se rencontrent qu'à intervalles éloi-

gnés ; nous pouvons même mener de front deux rvthmes différents, comme

lorsque nous jouons au piano une phrase telle que 1 ex. c du i; 9 (•^) : dans ces deux cas, le battement du cœur ne peut nous guider que pour l'un

(i) Tout le monde peut on faire l'essai : l'exactilude dépend, bien entendu, de l'émolivilé du sujet. — Cp. : In don Jaliren 1898-94 wurde in der Nalic meiner damaligen AA oluiung (me Co- pernic) eine neue Dampfmascliine in einer pneumatischen Anstall aufgeslellt, die mit ausseror- ilenllicliem Geriiusche arbeitete. \A àbrend der nacbtliclien Stille vcrmocblc nun das Geriiuscli •diescr Mascbine so sebr den Rliytlinius mcincr Ilcrzschlage zu beeinilusscn, dass er fast mit dem Takt des Dampfmolors ûbcreinstimmte (de Cyon, Das Ohrlabyrinth, p. 4i2 et suiv.). ^. aussi liolton, Amer. Journ. of Psychol., VI, p. 192 et 224.

(2) Cp. i^e Partie, § 98-98.

(8) Encore cet exemple est-il peu compliqué. Je donnerai plus loin d'autres spécimens d'Iiar- anonie rytbmicpae.

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