Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/56

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serve à inesurcr, non ces unités simples du rythme Intcusll, mais les élé- ments dont elles se composent, c'est-à-dire les temps ou bien les notes et les svllabes. Or nous les mesurons bien. jNIais ce n'est pas non plus à l'aide du comii- : pour tous ces éléments, il faudrait que son rvthmc s'accé- lérât bien souvent au delà des limites admissibles, et, pour les notes et les svllabes, qu'il changeât d'allure à chaque instant (i). l^lémonts, unités simples et unités composées du rythme intensif, le rythme du cœur ne peut servir à les mesurer dans la plupart des cas. Sans doute il saccommode au rythme de la musique, de la poésie et de la danse, mais il ne s'y adapte pas exactement; il le suit, mais il ne le reproduit pas. Il peut, jusqu'à un certain point, aider à le contrôler, mais non à le régler. Il ne l'indique pas, puisqu'il l'adopte seulement d'une manière imparfaite et par degrés. Il ne saurait en suivre toutes les variations. Même s'il pouvait ou se l'as- similer ou s'y assimiler complètement, ce qui est impossible, il resterait encore à expliquer comment les unités supérieures de ce rvthmc sont plus proches de l'isochronisme que les unités simples dont elles se composent. Il n'v en a pas moins une concordance certaine entre le tempo du rythme artistisque et celui du rythme cardiaque : « Est-ce un allegro qui me pour- suit, disait Haydn, mon pouls bat plus fort, je ne puis trouver aucun som- mel. Est-ce un adagio, je remarque que le pouls bat plus lentement (2). » Mais entre cette concordance et l'identité absolue des deux rvthmes, qui seule permettrait de mesurer l'un par l'autre, il y a une marge considérable. § [x'i. De même que le rvthme du cœur, le rvthme de la respiration s'adapte ou tout au moins s'accommode à celui d'un simple métronome (3). On pourrait reprendre, avec les changements nécessaires, à peu près toutes les considérations du paragraphe précédent. Je me borne à quelques remarques. Le rythme de la respiration est environ quatre fois plus lent que celui du cœur (4). Il pourrait donc servir à mesurer certaines unités composées du rythme musical et du rythme poétique, mais seulement quand on est auditeur ; encore faudrait-il qu'il y eût concordance, aux temps marqués principaux, entre cette mesure des unités composées et la mesure inconnue des unités simples dont elles se composent; en outre, il semble didicile d'admettre qu'il y ait deux mesures distinctes.

(i) Dans les mesures à 3/4 ou à !\lli qui diirenl respectivement 3 ou 4 secondes, le temps c\\- gerait un ralentissement du cœur ; dans les mesures à 3/8, imn accélération.

(2) Paroles rapportées par Alb. Ghr. Dies, dans Blo<irnphisrhe Nachrirhtcn von Jos. Haydn, Vienne, 1810, p. ing.

(3) Cp. Bolton, /. c, p. 193, 2H et 22^.

(4) La fréquence de la respiration varie beaucoup chez le même individu, même en bonne santé, surtout sous rinflucncc des circonstances extérieures. Clicz l'adulte au repos, clic est en moyenne, semble-t-il, de 12 a 20 respirations par minute ; il y a ainsi environ une respiration pour quatre pulsations. Si nous prenons comme point de départ la respiration de l'iiomme cou- ché (= R), nous voyons qu'elle augmente d'un demi | = -- R j pendant un voyage en voiture

ou en chemin de fer, se double (-— 2R) dans luie promenade à pied ou à cheval, mais au pas, et se quadruple (= t\l\) durant une marche rapide ou une chevauchée au trot. — A l'état normal, Je rythme de la respiration ne présente pas de coïncidence avec celui du cœur.