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CHAPITRE VIII LES MODIFICATIONS DES CELLULES NERVEUSES

§ 47- Si jappuie le doigt sur une surface élastique, par exemple sur une balle en caoutchouc, de préférence une balle creuse, l'impression mettra un certain temps à s'effacer. Supposons la balle douée de sensibilité et de mémoire. Elle sentira l'intensité et la rapidité de la pression, aussi bien que la profondeur de l'empreinte reçue et le retour de sa surface à l'état normal. Qu'une nouvelle pression se produise, elle pourra par le souvenir la comparer sous tous ces rapports à la première. Ainsi, par la sensation de ses états successifs et par le souvenir qui en reste, elle mesurera et comparera les intervalles de temps et l'égalité des unités rvthmiques mar- quées par des pressions égales. Supposons-la aussi douée d'activité : elle pourra provoquer en sol ces divers états et les répéter sous une forme constante ; elle suivra ainsi un rythme dans le mouvement décrit, exacte- ment comme un métronome.

§ 48. Il enest de mêmede notre cerveau. Toute sensation, celle du temps marqué, par exemple, y correspond à un travail des cellules nerveuses, à un travail neural ou cellulaire, qui dure un certain temps en diminuant d intensité (i). Quand il est ou tout à fait épuisé ou réduit à un certain degré, une seconde sensation de temps marqué se produit, et ainsi de suite. Ne pourrions-nous par là, par la sensation des divers états de telles ou telles cellules cérébrales, mesurer les unités rythmiques de la musique et de la poésie ? (2) Le rythme intensif se ramènerait ainsi pour nous à un rythme d'états cellulaires. La même explication pourrait alors s'appliquer aussi à la mesure des temps, des notes, des syllabes et des sons en général — mais non des silences.

§ 49- Si elle est exacte, on en conclura qu entre la mesure subjective

(i) Par travail des collules nerveuses, j'entends les modificalions cliimiques ou autres qui en constituent le fonctionnement.

(2) « Quand dt^ux modifications successives d'une même cellule nerveuse se produisent, non seulement on a la conscience de ces deux modifications, mais encore on a la conscience -'e leur dilTérence ou de leur ressemblance, et l'écart des deux modifications nous fait connaître le de^rré de la ressemblance ou de la diiïérencc. » 11. Beaunis, Physiuloijic humaine, 3>^ éd., I, j). O77.