Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES MODIFICATIONS DES CELLULES NERVEUSES 5l

des unités rythmiques et les durées réelles il doit y avoir de fréquentes et grandes divergences. Je reprends ma balle en caoutchouc. Si les pressions que j'y fais n'ont pas la même intensité, la même rapidité, si l'impression varie par suite en profondeur, la comparaison ne pourra plusse faire entre elles avec justesse : il s'écoulera un intervalle chaque fois diderent entre le maximum d'impression et le retour à l'état normal. C'est ce qui arrive presque toujours dans le rythme intensif: les temps marqués n'avant que rarement la même intensité, le travail cellulaire des sensations ne mettra que rarement le même temps à s'épuiser ou à se réduire à un degré fixe. La mesure sera donc faussée : un temps marqué fort entraînera une unité rythmique objectivement plus longue qu'un temps marqué faible (i). En est-il ainsi? Seule la mesure objective des unités rythmiques peut le mon- trer. Nous ne saurions nous en rapporter à la mesure fournie par les mou- vements du corps, par exemple le mouvement du bras, du pied ou de la tête qui sert à battre la mesure : les changements d'intensité du rvthme musical ou poétique se répètent en effet dans ce mouvement et ils y cau- sent sans doute, pour des raisons analogues, des irrégularités identiques (2). Seuls des appareils spéciaux offrent une garantie sulTlsante. Quoi qu'il en soit, je ne connais pas de circonstance, en dehors du rvthme, où la durée du travail des cellules nerveuses serve de mesure. Il me semble donc hasardé d'admettre qu'elle joue ce rôle par rapport au rvthme.

(i) De même un son fort aurait une durée objective plus grande qu'un son faible de durée subjectivement égale. Nous nous attendrions plutôt au contraire : plus un son est intense, plus il nous paraît long Cp. § 3r. J'en donnerai un exemple au chapitre suivant. — Quand on entend une série de percussions équidistanles mais altcrnalivement forles et faibles, l'intervalle qui pré- cède la forte semble plus court que celui qui la suit (v. Wundt, Volkerpsychaloyie, I, I. II, p. 38o). Pareillement, quand on frappe soi-même du doigt ou avec un in»trum(înt en cherchnnt à aller en mesure, mais à coups allernalivcmcnt foris et faibles, l'inli rvalle qui suit le fort est plu^long, que les coups s'entendent ou non (v. Tbliarl, Zx. f. Psyrhol. 11. Pliys. d. Sitin.. 189S, XMII, p. 91) et suiv , et Mivake, Slud. Yale Psycliol. Lcbor., 1902, X, i et suiv.).

(2) Vénhé (v. III ■ Partiey.