Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SENS n\>"AMIQrr. DE l'ai DITI()>- 53

ment, et le poids, lance ainsi avec trop de vigueur, pourra même échapper à la main surprise et incapal)le de le retenir. On nous avertit qu'on nous lance une boule de bois, et nous nous mettons en mesure de la recevoir en tenant prête, pour ainsi dire, la force nécessaire pour neutraliser le choc, une force de résistance égale à la force du choc. Si c'est une boule de pierre qui nous tombe entre les mains, la force de résistance, calculée à (aux, sera trop petite, et nos bras plieront; si c'est un ballon de caoutchouc, cette force sera trop grande, et nos bras s'élèveront, nos mains iront peut-être s'appliquer désagréablement sur notre figure. Nous croyons avoir devant nous une barrière dure à ouvrir, nous la poussons de la main ou de l'épaule avec une force calculée sur la résistance supposée : la barrière tourne sur ses gonds sans la moindre résistance, et, entraînés par la force sans em- ploi, nous tombons sur le nez. De telles erreurs montrent bien que dans les mesures de ce sens dynamique, instruit qu'il est par l'expérience, il n'v a pas une simple adaptation progressive de notre force au travail en train de s'effectuer, mais un véritable calcul de la force exigée par le travail à accomplir, aussi bien que par le travail accompli. D'autres observations en prouvent encore mieux 1 exactitude. On peut arriver par 1 exercice à évaluer le poids d'un objet en le soulevant, à le soupeser avec précision, sur l'indication du sens dynamique. C est avec la plus grande justesse qu'un bon chanteur donne aux sons la hauteur, l'intensité et la durée voulues. Or cette justesse tient au degré et à la durée de la contraction des muscles en jeu, c'est-à-dire à la somme d'énergie dépensée, et seul le sens dvnami- que permet d en calculer le montant (i).

§ 5i. Comme la sensation n'est pas une grandeur de même espèce que l'excitation, elle ne peut lui être égale, mais seulement proportionnelle. Quelle est la nature de la proportion ? Nous en avons un exemple dans notre appréciation de la hauteur des sons. Alors qu'il faut ajouter 8 vibra- tions doubles par seconde à la fréquence 6^ (2) pour donner la sensation d'une augmentation d'un ton majeur (3), il faudra en ajouter le double au double deG/i('i) pour obtenir le même résultat (ô). Autrement dit, la dif- férence des Iréquences, pour produire une même différence de sensation, augmente proportionnellement à l'excitation qui sert de point de compa-

ti) Au point lie vue physiologique, la sensation dynamique se confond en partie avec la sen- -nlion cinétique : chaque cclluh; sent en même temps qu'<'lle dépense de l'énergie et dans quelle [Toportion. — Pour certains pliysiopsvchologues, la sensation dynamique est d'origine purement périphérique et suit toujours les mouvements (v. W. James, The Feelintj of Effort. Hoston. 1880). Dans la plupart des exemples que je viens de citer, le calcul de la dépense d'énergie, tout en se fondant sur des expériences antérieures, sur des résidus moteurs, précède à coup sûr les mouvements appropriés au but. et il ne peut s'effectuer par d'autres mouvements. La sensation dynamique de la volonté, « le sentiment de l'effort volitionnel », ne peut provenir que des cel- lules nerveuses en jeu ; il en est de même de toute autre sensation dynamique, qu'il s'agisse d'un effort musculaire ou bien d'un effort mental.

(2) Ut, (R. Kœnig).

(3) Ré,, (i) LU. (5) Réo.