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Page:Vers et Prose, Tomes 13 à 16, mars 1908 à mars 1909.djvu/242

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Et cependant aux profondeurs sinistres de la terre,
son fils se précipita lugubrement
croulant d’abîmes en abîmes souterrains,
aussi loin, aussi bas, au-dessous de sa tombe,
que les astres étaient hauts au-dessus de sa tombe.
Et là parmi l’ombre fumeuse, il fut soudain
violemment entraîné par la masse éternelle
et colossale d’eaux qu’un ressac ténébreux
ballotte immensément suspendu sur l’abîme,
Car tandis que le globe de notre terre oscille,
là-bas, aux profondeurs, les vastes eaux se gonflent
en frappant les parois dont les métaux résonnent
avec un monotone et lugubre fracas.
Or l’âme de Glaucus était la proie tragique
de cette eau rugissante qui parfois le lançait
contre les rocs gluants et parfois le buvait
gloutonnement avec la succion d’un grand remous.
Et pas un seul rayon dans cet abîme inscrutable,
et toujours la terrible contorsion liquide
sans idée et sans but ! Et le temps était vide
de toute sa signification.
Alors un reflux noir se dégorgea
par le travers d’une crevasse, en sanglotant,
et vomit le corps las et meurtri de Glaucus
sous les voûtes sonores d’une grotte profonde.
Et le voilà flottant dans le flic-flac noirâtre
d’un fleuve qui courait dans l’ombre souterraine
avec de violentes rapacités de fauves.
Et ce n’était partout, au loin, qu’un fabuleux
ruissellement de pleurs ! Ô larmes inconnues !
Larmes qui suivent le dernier spasme de la mort !
Oh ! que vous êtes sans espoir, pauvres larmes