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L’ÉTERNELLE VISION


J’ai mal d’amour tant violent

Que nul mal ne le saurait guérir…

Gustave Kahn


Atome parmi les autres atomes,
je flottais dans des rais de soleil ou dans l’ombre
Je ne voulais rien qu’accomplir mon destin,
vivre mes soirs et mes matins…
Parce qu’un autre atome a passé,
me voici gisant à terre et blessé…
Il a passé, vêtu de lumière étrange —
Et c’était la lumière de mes yeux.
Un fil mystérieux
le nouait à moi — C’est ma main qui l’avait noué.

Mais le vent change…
Est-ce un matin, est-ce un soir
qu’il éteignit la torche d’espoir ?…
Le fil s’est rompu, la bise l’emporte
et je gis, blessé, dans les feuilles mortes —
atome que laissa tout seul un cher atome —
et la fièvre a peuplé mon sommeil de fantômes…