Page:Vers et Prose, tome 11, septembre-octobre-novembre, 1907.djvu/111

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des atomes ne dansaient-ils pas dans du soleil,
avec des visions de sang, de larmes et de croix,
et des essors, de radieux éveils
que noya bientôt toute l’Ombre ?…

Un jour blafard drape, comme un linceul,
cette chambre où je suis deux fois seul :
car je l’ai vue, immobile — et si lasse ! —
affleurer à l’eau morte du miroir,
la triste Face
que ravagea l’Amour aux flèches de mensonge,
la face de fièvre et de songe,
la face qui saigna sous les torches d’espoir,
quand des vols d’âmes s’exaltaient vers la lumière,
la face prisonnière,
pâle et morte, aujourd’hui, comme un soir
de lente neige.

Une horloge a sonné, lointaine…
Encore une heure… Encore un boulet à traîner
derrière les barreaux des jours,
tout le long du bagne des années…

Je vis toujours…

émile cottinet
Décembre 1902.