Page:Vers et Prose, tome 12, décembre 1907, janvier-février 1908.djvu/100

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Pour guérir de son mal ce fils d’un siècle inique
L’esclave la plus belle ajouterait en vain
Du baume de Judée au népenthès attique.
Le héros délaissé meurt de son mal divin.

De l’offense en son cœur la trace est éternelle
Comme le souvenir du meurtre dans l’acier ;
S’il fuit vers les sommets, le goût des pleurs se mêle
Dans le creux de ses mains, au sanglot du glacier.

Le flot impatient arrêté par les vannes
Connaît seul le secret des désirs réprimés.
— C’est une immensité fermée aux caravanes ;
La lune du désert ne s’y lève jamais.

Les pleurs ont dans le vif des tombes anciennes
D’une auguste douleur gravé les attributs ;
Mais le sens est perdu de ces plaintes humaines
Et leur légende est close aux enfants des tribus.

Une immuable horreur régit cette nature
Également hostile aux hivers, aux étés ;
L’hyène y chercherait vainement sa pâture
Car il n’est plus de deuil pour ces cœurs dévastés.

De l’océan ils ont la brûlante amertume
Et leur ardeur ressemble à ce galop marin
Qui d’une bouche aride et sifflante d’écume
Ronge éternellement le granit de son frein.

Là, nul ne se hasarde aux sombres promontoires ;
Les grands vents ont soufflé sur la clarté des tours