Page:Vers et Prose, tome 9, mars-avril-mai, 1907.djvu/58

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En vérité, c’est le fond de la mer qui se révèle.

La mer monte et commence à parler fort.


MESSAGE DE PÂRIS

Dévoré d’ardeur et d’ennui, je dors dans ma pensée comme dort au soleil un pont sur un fleuve à sec. Pourquoi, Hélène, mêles-tu l’ennui à l’ardeur ? Le profond ennui que tu me donnes me rend la bouche si dure que mes dents percent sur mes lèvres ; tu perds les caresses de mon ardeur : car j’ai peur pour toi : ce serait des morsures. Et tu dis alors que je ne t’aime plus.

Comme le diamant ne s’use qu’à la lime de sa propre poussière, ainsi, mon amour use mon amour. Mais cette poussière vient de toi, Hélène ; c’est toi qui fais cette limaille corrosive.

Entre amants, il n’y a que les coups et les caresses. Tout ce qui n’est pas baisers fait blessures. Et plus que tout, plus que les poings, plus que les mains ferrées de couteau, les paroles blessent.

Les amants sont engrenés pour jamais chair à chair. La parole de l’Écriture est imprescriptible, qu’elle bénisse ou qu’elle tombe à malédiction : voici la chair de ma chair.

Quand tous les ressorts ne s’entendent pas, joint à joint, la vie de l’un fait scie de toutes ses dents sur la vie de l’autre.

À la fin, cet homme et cette femme qui se sont aimés, ne