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LE RETOUR


Le plafond du wagon crépite dans la nuit,
L’averse fait tinter sur les vitres mouillées
Sa chanson de novembre et d’automne, son bruit
De tristesse, et refait aux glaces ses brouillées.

C’est la petite gare inconnue, au trottoir
Qui miroite et reluit, dans l’ombre, de ses flaques,
À quoi bon se pencher hors de l’ennui pour voir
Les rails bleus et luisants se croiser sur les plaques.

Triste retour ! triste retour sombre et mouillé,
C’est la même amertume et le même silence,
Il pleut, le train dans l’ombre attend… on voit briller,
Là-bas, une lanterne rouge qu’on balance.

Le train est là, prêt à partir vers l’inconnu,
Le quai luit du reflet de ses vitres dorées,
Sur ses carreaux luisants où tout Novembre a plu
Se découpent parfois des ombres affairées.

Et puis, c’est le départ si lent, presque sans bruit,
Là-bas, vers l’aube grise et morne de l’automne,
Et le train qui repart, enfoui dans la nuit,
Reprend bientôt son rythme égal et monotone.