Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/125

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se sont imposé une discipline. Ils ont choisi un chef. Ils l’ont choisi pour son expérience, comme pour sa force. Ils vénèrent leur patriarche et lui obéissent docilement.

Ce chef est un guide. Il sait où il va : le but est certain ; il y proportionne les efforts ; il sait qu’il ne doit ni hâter, ni ralentir la marche ; il considère, non comme des sujets, mais comme des compagnons ceux qui se sont confiés à sa direction :


Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux ;
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.


Avant d’aller plus loin, on pourrait dire ; le poème nous enseigne que pour traverser le désert de la vie, il faut savoir ce qu’on veut faire de la vie ; il faut avoir un idéal et il faut s’imposer les vertus qui permettent de l’atteindre : la patience, la discipline, l’union.

Mais allons plus loin. Où se dirigent les éléphants ? Ils vont au pays où s’abrita leur race et qu’ils ont délaissé, Là seulement ils retrouveront la fraîcheur des eaux et la beauté des clairs de lune, le bien-être et la poésie :


Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Où nage en mugissant l’hippopotame énorme,
Où, blanchis par la lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.