Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/126

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Qu’est-ce à dire ? Que ces pèlerins vont où Leconte de Lisle demande à l’humanité de retourner : à son berceau, aux idées et aux mœurs primitives.

D’où sort, d’ailleurs, cette troupe d’éléphants ? Le poète ne le dit point. Peut-être ont-ils eu, comme les hommes, la sottise de chercher le bonheur loin du pays natal. Peut-être en avaient-ils été arrachés par les hommes, mais se sont-ils soustraits par la fuite à la servitude où on les avait réduits. Il n’importe. Le sens du poème est clair : là où les éléphants vont, là feront bien d’aller les hommes. Plus sages que les hommes, les animaux ne se sont pas forgé un idéal chimérique.


Le Désert, c’est comme les Éléphants, le récit de la traversée d’un désert. Ce n’est pas le même désert : c’est le désert asiatique, alors que le désert traversé par les éléphants était le désert africain, le désert voisin du Sennaar, et c’est vers le Nil Bleu que vont les voyageurs.

Mais, ce qui importe surtout, c’est le caractère de la traversée.

Épuisé par la marche, le Bédouin s’arrête au pied du dattier. Il lie au tronc sa cavale amaigrie. Il s’endort. Il rêve. À quoi ? À la vallée où campe sa tribu ? à la fontaine où il a bu ? aux femmes causant près des citernes ? aux brebis bêlant ?