Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/139

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que son mari, cèdre altier, se soit laissé dompter par le mal comme une faible plante ; elle se flatte de voir fuir l’homme de Thesbé comme un chien affamé qui s’enfuit aussitôt qu’on le brave. Ses arguments sont des proverbes, dont chacun rappelle quelque aspect des mœurs orientales :


Que ne te frappes-tu du glaive ou de la lance ?
L’onagre est fort rétif s’il ne courbe les reins ;
Qui cède au dromadaire accroît sa violence.


Pour être compris d’Akhab, Dieu lui parle en images. Il se vante d’être comme le bon moissonneur,


Qui tranche à tour de bras les épis par centaines.


Il saura faire jaillir l’exécration comme un vin nouveau, faire déborder le sang royal des toits plats tel qu’une eau sale.

À ce langage imagé, le roi répond par des images :


Gloire au Très-Fort de Juda ! Qu’il s’apaise !
Sur l’autel du Jaloux, j’égorgerai cent bœufs !

Que suis-je à sa lumière ? Un fétu sur la braise.
La rosée au soleil est moins prompte à sécher.
Moins vite le bois mort flambe dans la fournaise.

Je suis comme le Daim, au guet sur le rocher,
Qui geint de peur, palpite et dans l’herbe s’enfonce,
Parce qu’il sent venir la flèche de l’archer.


À la réflexion, tant de comparaisons étonnent un