Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/141

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Ce roitelet, féroce, vaniteux, enfantin, qui aime la vue du sang et le bruit des cymbales, a une religion de primitif. La Bible conte qu’ayant épousé une fille de Sidon, il éleva pour lui plaire un autel à Baal. Mais jusqu’où allait sa foi à son dieu ? On le voit mal par l’Écriture. Dans le récit français, Akhab associe son dieu à sa haine, il lui confie sa vengeance contre Naboth, le menaçant s’il n’est pas exaucé au jour dit de le remplacer par un autre Veau :


Mais s’il ne m’a vengé demain, j’abolirai
Son culte, et l’on verra se dresser à sa place
Le Veau d’or d’Éphraïm sur l’autel adoré.


Évidemment, si la religion et les mœurs d’Akhab, telles qu’il les présente, amusent Leconte de Lisle par leur pittoresque, il est plein de mépris pour ce chef de sauvages et pour ce dieu peint en rouge, dont le culte entretient la soif du sang et conseille l’hypocrisie.

Il a pour Élie un peu de la sympathie que lui portent Ewald et Renan[1]. Il lui sait gré de flageller les rois d’un fouet etincelant, de se dresser devant eux,


Croisant ses bras velus sur sa large poitrine,


lançant le feu ardent de ses yeux creux, fouillant la poussière de son orteil convulsif. Et Élie se souvient peut-être que dans ce rôle de justicier, il vient d’être

  1. Mais en a-t-il autant que le croit M. Flottes ?