Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/50

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de nouveau et le saint reprend sa marche vers la fontaine.

Un autre épisode de la légende recueillie par La Villernarqué rappelait l’entrevue de Patrice et d’Ossian dans les ruines d’un palais. Les deux héros opposent longuement leurs doctrines. Mais Ossian finit par s’avouer vaincu, et l’Irlande compte un chrétien de plus.

Leconte de Lisle raconte, d’après le récit de La Villernarqué, en le modifiant un peu, le premier épisode. En des vers admirables, il remet sous les yeux du lecteur français ce paysage et ces mœurs qu’Ossian et Walter Scott ont popularisés chez nous dès les origines du romantisme : le feuillage léger des bouleaux, la bruyère d’où partent au moindre bruit le coq aux plumes d’or et la perdrix, la clarté des fontaines, les guerriers tatoués ayant au front la plume d’aigle, les farouches troupeaux de bœufs rouges. Et Patrice ne déplaît point d’abord à son nouvel historien, qui admire son courage et sa douceur :


Il brave en souriant le glaive meurtrier ;
Il console et bénit, et le Dieu qu’il adore
Descend à son appel et l’écoute prier.


Mais voici l’apôtre à Temrah. Car Leconte de Lisle transporte l’entrevue avec le défenseur du passé dans les mines de ce palais de Temrah qui avait été le centre du druidisme et de la résistance au christianisme. Et à cet Ossian qui se convertit