Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/57

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L’Esprit rauque du vent, au faîte noir des rocs,
Tournoyait et soufflait dans ses cornes d’aurochs ;
Et c’était un fracas st vaste et si sauvage,
Que la mer s’en taisait tout le long du rivage,
Tant le son formidable, en cette immensité,
Par coups de foudre et par rafales emporté,
De cris et de sanglots, et de voix éperdues,
Comblait le gouffre épais des mornes étendues.


C’est son sentiment de délivrance devant les apaisements de la mer et l’élargissement de l’horizon :


Et la lourde nuée en montagnes de brumes
Croula vers l’Occident qu’un morne éclair allume.
La mer, lasse d’efforts, comme pour s’assoupir,
Changea sa clameur rude en un vaste soupir.
Et, réprimant l’assaut de ses houles plus lentes,
Tomba sans force au pied des roches ruisselantes.
L’horizon, dégagé de son épais fardeau,
S’élargit, reculant les longues lignes d’eau.


Des tableaux comme ceux-ci suffisent à classer leur auteur parmi les plus grands peintres de la mer et à protéger contre l’oubli la première partie du Massacre de Mona,


La deuxième partie du poème a probablement pour origine les chapitres 29 et 30 du livre XIV des Annales, où Tacite raconte le massacre que Suetonius Paulinus fit des druides et des druidesses dans l’île de Mona, dernier refuge de la résistance bre-