Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/59

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les traits s’enfoncent dans les flancs, hérissent les dos et les reins, déchirent les gorges. Et tout fut dit. À l’aube


Un long vol de corbeaux tourbillonnait dans l’air.

Des trois poèmes qui racontent la résistance des peuples nordiques au christianisme, le plus hostile à la religion nouvelle est le Runoïa : là, Jésus lui-même est pris à partie ; là, son message même est présenté comme une doctrine de mort. Dans le Barde de Temrah et dans le Massacre de Mona, il semble que le poète en veuille, non au fondateur du christianisme, mais à ses apôtres, accusés d’intolérance, soit qu’ils le prêchent avec douceur, comme Patrice, soit qu’ils l’imposent par la violence, comme Murdoc’h. Cependant la foi en Jésus paraît être rendue responsable de n’avoir pu étouffer chez Murdoc’h l’instinct sanguinaire, de n’avoir pu inspirer à Patrice une douceur suffisant à lui faire excuser les païens de n’avoir pas été ce qu’ils ne pouvaient pas être.

Il n’est pas facile de dire en toute précision jusqu’où allait chez Leconte de Lisle, entre 1852 et 1872, l’hostilité contre le christianisme[1]. On sait qu’il fit

  1. Après 1871, l’hostilité alla très loin. Mais Gaston Des-