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clarté y gagne, l’intérêt aussi, et la couleur historique n’y perd rien, puisque, par cette si ingénieuse et si poétique conception, la Légende des Nornes se trouve être, comme la Voluspa, un chant prophétique.


LES ELFES. — CHRISTINE[1]


La grande tristesse qui plane sur les légendes mythologiques des Scandinaves plane aussi sur leurs légendes romanesques. Ce sont pour la plupart de très douloureuses histoires d’amour. À peine deux enfants s’aiment-ils, que la méchanceté des éléments ou celle des hommes les sépare ; bientôt, la mort ravit l’un des deux amants, et le plus souvent avant même qu’ils aient été l’un à l’autre ; mais celui qui part est aussitôt suivi de celui qui restait, et le dénouement nous offre en général le lugubre spectacle d’une tombe qui s’ouvre pour recevoir deux cercueils.

La petite Isa aime le duc. Le duc part pour la guerre et Isa lui promet de l’attendre. Mais le duc meurt. Avertie par un oiseau, Isa s’en va sur la grève où le corps de son bien-aimé a été poussé par les flots et elle se perce le sein.

La petite Rosa sert dans la maison du roi, non pour gagner un salaire, mais par amour pour le fils du roi. Le prince est obligé d’aller en terre étrangère et on force Rosa de se fiancer avec un comte. Aussitôt elle écrit à son bien-aimé une lettre désolée. Il accourt. Il arrive pendant le


  1. Poèmes barbares, XVI, XVII.