pria et bénit jusqu’au tombeau, ne versa pas d’autre sang que le sien.
Le voilà devant les Bardes, le Persécuteur. Impassible à leurs chants sacrés, comme à l’auguste aspect du grand vieillard assis sur le granit, il rit et blasphème. — Silence, adorateurs du Diable ! — clame-t-il.
Mais le Très-Sage ne daigne pas lui répondre. D’une voix calme, il invite ses frères à fermer l’opeille aux vains bruits d’un moment, pour songer à l’impérissable vie qui les attend, et tous ceux qui saisissaient déjà les haches de granit s’inclinent autour du vieillard par qui parlent les Dieux de la patrie.
Murdoc’h fait signe à ses guerriers : les arcs tintent, les traits s’enfoncent dans les flancs, hérissent les dos et les seins, déchirent les gorges. Et tout fut dit. À l’aube.
Un long vol de corbeaux tourbillonnait dans l’air.
Le poème a trois parties principales : celle où Leconte de Lisle expose par la bouche du Très-Sage les croyances des Kymris sur les destinées de l’âme ; celle où il fait par la bouche d’un Barde l’histoire de leur race ; celle où il raconte le massacre des druides et des prêtresses. Il faut citer intégralement la première :
Qu’enseigne à l’homme pur la Parole immortelle ?
Voici ce qu’elle dit : J’étais en germe, clos
Dans le creux réservoir où dormaient les neuf Flots.
Et Dylan me tenait sur ses genoux énormes,
Quand au soleil d’été je naquis des neuf Formes :