Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rankou. Si elle marche aux côtés de Rama, la poussière qui tombera sur elle ne sera pas moins délicieuse à son corps que la poudre de santal. Si elle les reçoit de la main de Rama, les racines et les fruits sauvages lui sembleront toujours avoir le goût de l’ambroisie. Ni le souvenir de ses parents, ni celui de son père, ni celui de sa mère ne viendra l’attrister là où elle habitera aux côtés de Rama. Être avec lui, c’est le ciel pour elle ; être sans lui, c’est l’enfer. S’il refuse de l’emmener, elle va à l’instant même avaler un poison devant ses yeux. Et Sita se laisse tomber aux pieds de Rama, pleurant, affaissée sur elle-même, avec des sanglots mélodieux. Le héros relève sa femme : « Viens donc, suis-moi, comme il te plaît, ma chérie. »


Le mariage de Rama et de Sita avait été conté, au début du poème, dans des chapitres dont la plupart sont des interpolations ; mais si le récit est récent, la légende est ancienne.

Rama avait quinze ans quand le vénérable ermite Viçvâmitra vint implorer son aide contre des démons qui troublaient ses sacrifices. Rama, malgré sa jeunesse, entreprit cette œuvre pleine de périls. Il tua les ennemis de l’anachorète. Ses flèches lui suffirent pour les abattre, sans qu’aucun d’eux lui opposât, comme devaient le faire plus tard d’autres Raksas (démons), une résistance d’un caractère miraculeux :


Dans le moment que la hideuse et bien effrayante Tâdakâ, avide de carnage, tenant ses deux bras en l’air et toute semblable à une masse de grands nuages, fond sur lui avec impétuosité, comme une foudre déchaînée, le héros adolescent frappe