Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
INTRODUCTION


Le développement donné par les Grandes Chroniques à l’histoire du règne de Charlemagne est la preuve du prestige dont cet empereur jouissait au moyen âge. Ce qu’il accomplit sous son règne, ses luttes contre les Saxons et les Sarrasins, le rétablissement de l’Empire d’Occident, la renaissance littéraire, ses relations avec l’Orient, les capitulaires qu’il édicta pour régir son immense empire jusque dans ses moindres détails, tout cet ensemble frappa fortement les générations qui suivirent. Il les frappa même d’autant plus qu’avant Charlemagne la France était livrée à l’anarchie et qu’après lui le pouvoir échappa également aux faibles mains de ses successeurs. Le grand empereur fut donc, aux yeux des chroniqueurs du moyen âge, l’homme inspiré par Dieu, destiné à soutenir son Église et à lui ramener les nations païennes sur lesquelles il lui assura le triomphe.

Ses contemporains qui furent témoins de ses actions, qui jouirent du fruit de ses victoires et des effets de sa bonne administration eurent déjà pour lui une admiration dont l’écho s’est répercuté jusqu’à nous à travers les annales du ixe siècle. Lorsque, après sa mort, ses successeurs eurent laissé son œuvre s’effondrer, lorsque surtout les générations qui suivirent eurent assisté au démembrement de son empire et subi les horreurs des invasions des Normands et des guerres de la féodalité, le règne de Charlemagne, pendant lequel l’Empire romain fut restauré, les arts et les lettres