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on rit quelquefois de l’exiguïté de sa taille, ce qui lui valut les sobriquets de « Nardus » et de « Nardulus » et le fit comparer à la fourmi[1], son intelligence et la vivacité de son esprit lui conquirent l’estime de tous et l’amitié de Charlemagne et de ses enfants[2].

Du surnom de Beseleel qui lui fut encore donné, on essaya de conjecturer qu’il aurait rempli auprès de Charlemagne un rôle analogue à celui d’un directeur des Beaux-Arts ; mais aucun témoignage positif ne vient corroborer cette hypothèse[3]. Rien non plus ne peut nous permettre de

  1. Voici une épigramme d’Alcuin sur Éginhard, publiée par E. Duemmler, Poetæ latini ævi Carolini, t. I, p. 248, dans Mon. Germ. hist., Poetarum latinorum medii ævi, t. I :

    « Janua parva quidem et parvus habitator in æde est.
    Non spernas nardum, lector, in corpore parvum ;
    Nam redolet nardus spicato gramine multum :
    Mel apis egregium portat tibi corpore parvo.
    Parva quidem res est oculorum, cerne, pupilla,
    Sed regit imperio vivacis corporis actus.
    Sic regit ipse domum totam sibi Nardulus istam,
    « Nardule », dic lector pergens, « tu parvule, salve ».

    Theodulphe, dans son Carmen ad Carolum regem, dit aussi en parlant d’Éginhard (Ibid., p. 487) :

    « Nardulus huc illuc discurrat perpete gressu,
    Ut formica tuus pes redit itque frequens.
    Cujus parva domus habitatur ab hospite magno,
    Res magna et parvi pectoris antra colit. »

  2. « Suberat et alia non inrationabilis, ut opinor, causa, quæ vel sola sufficere posset ut me ad haec scribenda conpelleret, nutrimentum videlicet in me inpensum et perpetua, postquam in aula ejus conversari coepi, cura ipso ac liberis ejus araicitia » (Vita Karoli Magni, éd. Halphen, p. 4).
  3. Voir L. Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 73 et 74, et Marguerite Bondois, La translation des saints Marcellin et Pierre. Étude sur Einhard et sa vie politique de 827 à 834, p. 82 et 83.