Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/188

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bons rois qui en avoit la bone renomée quant au monde, tout ne feist-il pas en ce force, en atendoit le merite quant à Dieu. Pour ce ne li estoit pas à charche ne à grief.

[1]Hons fu de grant cors et de fort, de grant estature et ne mie de trop grant. vii piez avoit de lonc à la mesure de ses piez, le chief avoit rount, les ieuz granz et gros et si clers que quant il estoit correciez il resplendissoient come escharbocles, le nés grant et droit et un petit haut ou milieu[2], brune chevelure, la face vermeille, lie et haliegre.[3]De si grant force estoit que il estendoit iii fers de cheval touz ensemble legierement et levoit un chevalier armé sus la paume, de terre jusques tout amont. De Joiouse, s’espée, copoit un chevalier tout armé. De toz membres estoit bien tailliez ; vi espanz[4] avoit de ceint sanz ce qui pendoit dehors la bocle. En estant et en seant avoir persone de grant auctorité, ja soit ce que il eust le chief un poi mendre[5]

  1. Vita Karoli Magni, chap. xxii. Cf. Louis Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 93-95. Le parallèle qu’il établit entre le portrait de Charlemagne tracé par Éginhard et les portraits des empereurs romains de Suétone, fait bien ressortir l’influence de ce dernier sur l’historien du ixe siècle.
  2. Éginhard dit seulement des yeux et du nez de Charlemagne : « Oculis prægrandibus ac vegetis, naso paululum mediocritatem excedenti. »
  3. Tout ce qui suit, jusqu’à En estant, n’est pas dans Éginhard, mais est emprunté à l’Historia Karoli Magni et Rotholandi de Turpin, chap. xx de persona et fortitudine Caroli. Cf. Vincent de Beauvais, Speculum majus, t. IV, liv. XXIV, p. 962, éd. de Douai.
  4. Espanz, empan.
  5. L’auteur des Grandes Chroniques a mal traduit Éginhard, qui dit que Charlemagne avait le cou gros et court : « Quamquam cervix obesa et brevior. »