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hard, ainsi que le remaniement des Annales qui en transforma le texte de 741 à 800[1].

Le dernier érudit qui s’occupa de la question des Annales, M. Louis Halphen, renverse tous les systèmes échafaudés jusqu’à présent et fait table rase des divisions proposées par ses devanciers. Selon lui, et en cela il se met d’accord avec Gabriel Monod, les Annales furent écrites « par des hommes qui vivaient au centre même de la vie politique et qui avaient entre leurs mains des documents officiels[2] ». « Elles ont donc le caractère impersonnel d’une historiographie officielle »[3] et « on est amené à les regarder comme une histoire officielle du règne de Charlemagne et de Louis le Pieux[4] ». Dans ces conditions, M. Halphen conclut que toutes les divisions proposées sont arbitraires, car, dit-il, on a affaire « à une œuvre qui s’est développée sous la dictée des événements d’une façon si lente, si continue, qu’un même écrivain a pu voir plus d’une fois au cours de son travail ses formules, son vocabulaire, ses habitudes de style se modifier et sa pensée même évoluer[5] ». Quelle que soit l’hypothèse qu’ils adoptent au point de vue des divisions, de la composition et des auteurs des Annales, tous les historiens sont d’accord pour considérer cette œuvre comme la source la meilleure et la plus sûre des règnes de Pépin le

  1. C’est ce qui fait affirmer par A. Teulet (Œuvres complètes d’Éginhard, Introduction, p. lxvi) que « les Annales sont incontestablement d’Éginhard ».
  2. Gabriel Monod, op. cit., p. 148.
  3. Ibid., p. 149.
  4. Ibid., p. 151. — L’attribution de la partie des Annales comprises entre 820 à 829 à l’archichapelain Hilduin corrobre cette opinion (G. Monod. Hilduin et les Annales Einhardi, dans les Mélanges Julien Havet, p. 57-65).
  5. Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 15.