Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/55

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n’oserent ainques puis riens faire contre sa volenté.

[1]Après ceste bataille, fu viiieme contre les Huns qui or sont apelé Hongre, selonc l’opinion d’aucuns. Ceste fu la plus longue[2] et la plus grief que li rois enpreist onques après cele de Saisoigne, et cele que il maintint et amenistra toz jors plus efforciement et à plus grant apareil. Une seule bataille fist par li en Pannonie contre els, car il habitoient lors en cele terre. Les autres fist par son fil Pepin, par les contes et par les baillis de ses provinces. Si bien et si sagement fu cele guerre maintenue et amenistrée, car ele fu finée en viiieme an que ele fu commencié. Cele terre de Pannonie, qui après fu gasté et deserte, tesmoigne bien les granz batailles et les granz occisions qui eu païs orent esté, et li lieus maismes où li palais le roi Cagane[3] ot esté, qui demora si deserz que il sembloit que il n’i eust ainques eu habitation d’ome. Tote la gloire et la noblece des Huns peri en cele bataille ; tuit li tresor que leur roi et leur ancien princes avoient amassez furent ravi. Si ne recordent pas memoire d’ome vivant que François eussent ainques eu victoire où il gaagnassent tant, ne dont il fussent si enrichi[4], car il lor sembla puis que

  1. Vita Karoli Magni, chap. xiii. Cf. Annales Laureshamenses, année 791, et Annales Mettenses, année 791.
  2. Cette guerre dura huit ans, de 791 à 799.
  3. Cagane, pour Cagan qui est le titre pris par les rois des Huns. Éginhard, au reste, ne parle que du palais du Cagan, « et locus in quo regia Kagani erat ».
  4. B. Guérard, dans ses Prolégomènes du Polyptyque d’Irminon, p. 140 et 141, constate aussi que la plus grande abondance, et par conséquent la dépréciation des métaux précieux à la suite de la guerre contre les Avares, au commencement du ixe siècle, est un fait hors de doute.