Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ci endroit, dient que Lothaires out si grant duel et tel doleur de ce que il fu desconfiz, que quant il s’en fu fuiz en son païs, il fit crier par tout la loy des païens par desesperance, et guerpi la foi crestienne. Et pour ce que la gent du païs desirroient ce que il leur commanda, nomerent-il le roiaume de son non, et lessierent les nons des autres anciens rois, et l’apelerent Loheraine, qui vaut autant comme roiaumes Lohier. Mais ceste sentence est moult contraire à cele qui après vient ; car il dit : «[1]Quant il fu retornez en son païs, il envoia son fil Loys, à cui il avoit doné le roiaume de Lombardie, à Rome, par son oncle Dreue l’evesque de Mez, et li apostoles Serges le reçut et le corona à empereor, et fu saluez du pople comme empereres augustes. » Lors senti Lothaires que maladie le seurprenoit. Pour ce, departi son roiaume à ses iii fiuz. A Kalle, le mendre, dona Provence et une partie de Borgoigne. A Lothaire, le moien, son siege et la terre toute qui i apartenoit, et à Loys qui ja estoit coronez à empereor, toute Ythalie. Après, quant il out ensi toute sa terre donée et departie à ses fiuz, il deguerpi le roiaume temporel et le siecle, et vesti les dras de religion en i abbaïe[2]. En poi de tens après, trespassa

  1. Adonis archiepiscopi Viennensis chronicon.
  2. La chronique d’Adon nous apprend que c’est dans l’abbaye de Prüm (Province rhénane) que Lothaire se retira. Bien que Paulin Paris (les Grandes Chroniques de France, t. III, p. 4) ait donné la leçon « en l’abbaïe de Prume », cette leçon n’existe ni dans le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VII, p. 128, ni dans les principaux manuscrits que nous avons consultés : royal ms. 16 G VI du British Museum, fol. 219 vo, fr. 2615, fol. 128, 2813, fol. 148 vo, 10135, fol. 177, 17270, fol. 159, de la Bibl. nat., etc.