Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/302

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cuidoit-on que ce eust esté fait et pourchacié par le conseil de ces II evesques et des autres conseilliers le roi Loys[1]. Lors dist li Apostoles que, se li rois voloit que il feist privilege sor son commandement, confermast avant le precept de son pere ; et ausi come ceste chose ot esté bastie et porchaciée par malice et non mie selonc raison, ausi vint-ele au darrenier à noient.

En ce mois meismes[2] que ce fu fait, vint li rois à Troies et ala à l’ostel l’Apostole[3] par le conseil de ses barons. A lui parla bien privéement, et puis alerent ensemble là où li evesque estoient assemblé delez l’ostel l’Apostole. Là furent escommenié Hues li fiuz Lothaire[4] et Haymons[5] et tuit cil de leur complot pour ce que il fesoient force et outrage à aucuns des evesques par le consentement le roi. Lors dist li Apos-

  1. D. Félibien (Hist. de l’abbaye de Saint-Denis, p. 98) dit très bien : « Pour ce qui regarde en particulier la donation prétendue de l’abbaye de Saint Denys, trop de gens savoient que c’estoit Frotaire et Adalgaire qui en avoient fabriqué l’acte, à dessein de faire perdre à Goslin son abbaye, qu’ils esperoient de tirer ensuite pour eux-mêmes des mains du pape. » Cf. D. Bouillard, Hist. de Saint-Germain-des-Prés, p. 49.
  2. « Par les prieres des plus grans de la court » (royal ms. 16 G VI, fol. 237 vo, en note).
  3. Latin : « 4 idus præfati mensis », le 10 septembre.
  4. Hugues le Bâtard, fils de Lothaire II, roi de Lorraine, et de sa concubine Waldrade. Attiré dans un guet-apens par l’empereur, à Gondreville, sur les conseils du comte Henri, il eut les yeux crevés, fut enfermé à Saint-Gall, puis à Prüm où il mourut probablement (Reginonis chronicon, année 885 ; cf. Robert Parisot, le Royaume de Lorraine sous les Carolingiens, p. 476-477 vo).
  5. Latin : « Imino », Iminon ou Emenon, frère de Bernard II, comte de Gothie.