Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/136

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il est droiz et costume au coronemenz des rois. Mais tandis come li rois et la roine estoient à genouz, les chiés enclins devant l’autel et il atendoient la beneïçon des espousailles que Guiz, li arcevesques de Sanz, leur fesoit en la presence des barons et des prelaz qui là estoient, avint une aventure qui bien est digne de memoire. Tant i ot assemblé dou pople des chastiaus et des viles voisines pour vooir la feste et la sollempnité, et pour ce que il veissent le roi et la roine coronez ensemble, que trop i estoit granz la presse et la temoute dou pople. Pour cele noise apaisier et pour la murmure de la gent refrener, se leva uns chevaliers de l’ostel le roi. Il commença à tornoier parmier l’air une verge que il tenoit. Ensi com il la demenoit desporveuement amont et aval, il asena III des lampes d’uile d’olive qui pendent devant l’autel ; à un seul cop les brisa toutes III et respandi l’uile droitement seur le chief le roi et la roine qui estoient desouz à genouz. Si ne doit-on pas cuider que ceste chose avenist d’aventure, mais ausi come par divine ordenance, en signe de plenté de dons dou Saint Esperit qui li fu d’amont tramis à espandre et à moultiplier la gloire de son non et la renommée de ses faiz par toutes terres. Dont il semble assez proprement que la parole que Salemons dit en cantiques fust dite pour lui[1]. Ausi come si vosist dire : « La gloire, la renommée et la sapience de ton non sera espandue de l’une mer jusques à l’autre[2] ». Car par l’uile nous sont ces III choses

  1. Le royal ms. 16 G VI, fol. 332, ajoute en note : « Et s’enclineront devant les choses des roys, et maintes gens te serviront » (Psaume LXXI, verset 11).
  2. Psaume LXXI, verset 8. Le royal ms., ibid., ajoute,